Les ministres de l’énergie de l’Union européenne, réunis à Bruxelles, se sont mis d’accord mardi 26 juillet pour réduire la consommation de gaz naturel de manière coordonnée afin d’aider l’Allemagne, suite à une nouvelle baisse drastique des livraisons russes. « Ce n’était pas une mission impossible ! Les ministres sont parvenus à un accord politique pour réduire la demande de gaz avant l’hiver prochain”, a annoncé la présidence tchèque de l’UE sur son compte Twitter. Le plan, proposé la semaine dernière par la Commission, a été radicalement révisé, mais ses principes de base demeurent. Elle appelle toujours chaque pays à faire “tout son possible” pour réduire, entre août 2022 et mars 2023, la consommation de gaz d’au moins 15% par rapport à la moyenne des cinq dernières années sur la même période. Lire aussi Guerre en Ukraine : Moscou rouvre le gaz naturel sans apaiser Berlin VOIR AUSSI – Zelensky appelle l’Europe à “riposter” à la “guerre du gaz” en durcissant les sanctions contre la Russie En cas de “risque de grave pénurie”, un mécanisme d’alerte rendra la réduction de 15% “contraignante” pour les Vingt-Sept, mais cet objectif sera ajusté à la réalité de chaque pays, notamment la capacité d’exportation épargnée quantités de gaz aux pays qui en ont besoin, grâce à une série d’exceptions. Le géant gazier russe Gazprom a annoncé lundi qu’il réduirait drastiquement ses livraisons quotidiennes vers l’Europe via le gazoduc Nord Stream à partir de mercredi à 33 millions de m3, invoquant la nécessité d’entretenir une turbine. “L’UE est unie et unie. La décision d’aujourd’hui a clairement indiqué que les États membres s’opposeront à toute tentative de la Russie de diviser l’UE en utilisant l’approvisionnement énergétique comme une arme”, a déclaré le ministre tchèque de l’Énergie Jozef Sikela, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE. approbation de la proposition (.. .) en un temps record a incontestablement renforcé notre sécurité énergétique commune. En économisant de l’essence maintenant, nous serons mieux préparés. L’hiver sera beaucoup moins cher et plus facile pour les citoyens et l’industrie de l’UE”, a-t-il déclaré.
Opposition hongroise
“Réduire notre consommation de gaz (…) est la meilleure façon de réagir au chantage au gaz de Poutine”, a commenté son homologue luxembourgeois, Claude Turmes. Sur les 27, seule la Hongrie s’est opposée au texte, a-t-il souligné. “C’est une proposition injustifiée, inutile, peu pratique et préjudiciable qui ignore complètement les intérêts nationaux”, a déclaré à la presse le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjártó. « Nos chaînes de production industrielle sont complètement interdépendantes. Si la chimie tousse en Allemagne, alors toute l’industrie européenne peut s’arrêter”, a prévenu la ministre française Agnès Pannier-Runacher, à son arrivée à la réunion. Au cœur du dispositif européen, la réduction contraignante de 15 % de la consommation avait suscité des critiques. Il vise à mutualiser les efforts d’urgence pour aider notamment l’Allemagne, fortement dépendante du gaz russe. Un choc majeur sur la première économie européenne aurait inévitablement un impact sur l’ensemble des Vingt-Sept. D’où le besoin de solidarité. En fait, il impose des restrictions à des pays comme la France et l’Espagne, qui sont pourtant protégés d’une rupture d’approvisionnement russe grâce à leurs politiques énergétiques. “L’Allemagne a fait une erreur stratégique dans le passé” en cultivant cette dépendance à Moscou, et le gouvernement travaille dur pour la supprimer, a reconnu le ministre allemand Robert Habeck, tout en appelant à la solidarité européenne. “Maintenant, nous devons résoudre ce problème ensemble”, a-t-il déclaré. Le plan a fait l’objet ces derniers jours de vives critiques de la part de nombreux États. Parmi les plus agressifs : les pays du sud de l’Europe, dont l’Espagne, où le souvenir des douloureux plans d’austérité imposés par Berlin après la crise financière de 2008 est encore vivace. La ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, a dénoncé le manque de consultation de la Commission et a qualifié le plan d’”injuste” et d’”inefficace”. A lire aussiGaz : la Russie coupe ses livraisons, l’Europe se prépare au scénario sombre Les diplomates des 27 en ont tenu compte. Ce sera finalement le Conseil de l’UE, représentant les États membres, et non la Commission, comme le demande cette dernière, qui décidera de l’éventuelle mise en œuvre des objectifs contraignants. L’accord prévoit des exceptions pour les États, en particulier les États insulaires, qui ne sont pas interconnectés avec les réseaux de gaz naturel d’autres pays ou pour ceux qui ont dépassé leurs objectifs de remplissage des réservoirs de gaz. Elle réduit également l’objectif d’économies pour les pays aux interconnexions limitées ou qui ont besoin de gaz pour certaines « industries critiques ». VOIR AUSSI – L’État allemand arrive pour aider Uniper, victime de la crise du gaz russe