Il a fallu le député Charles de Courson (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires), initiateur dudit amendement, pour faire comprendre au gouvernement que ce dernier n’a jusqu’ici agi que sur une revalorisation de la retraite de base cumulée de 5,1 % pour 2022 (1,1 % en janvier et 4 % en juillet) alors que l’inflation pour 2022 est calculée selon les prévisions de l’INSEE à 5,5 %. Et de l’inviter à faire un effort supplémentaire.

Que l’opposition soit heureuse

Avant le vote, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire avait tenté de clarifier la question. “Il y aura probablement une autre augmentation des pensions en janvier 2023.” Oui, mais voilà, il est écrit que rien ne se fera comme prévu dans cette Assemblée nationale. Toute l’opposition s’est mobilisée, sauf Les Républicains, plus divisés et surtout presque tous absents mardi soir au moment du vote, pour enregistrer cette poussée. Tous les camps de l’opposition n’ont pas tardé à revendiquer la responsabilité de cet échec de l’exécutif. “Encore une victoire contre l’avis du gouvernement !”, s’est vanté la députée rebelle Clémentine Otten. Acompte de 500 millions d’euros. A ce rythme, Bruno Le Maire devra accepter l’impôt sur les bénéfices excédentaires. Le vice-président de l’Assemblée, RN Sébastien Chenu, y est allé de son tweet, soulignant la mobilisation des députés de son parti.

Un amendement sans avenir ?

L’avenir de cet amendement pourrait rapidement s’obscurcir. « Soit le gouvernement mobilise ses troupes et dépose un amendement en fin de texte pour corriger la situation, soit cela se fera au Sénat. C’est quand même un amendement aux 500 millions… », confie un député membre de la commission des finances LR. Une manière de rappeler que cette victoire marquée par certains députés n’est pas définitive. Aussi, cette augmentation des retraites ne profitera qu’aux fonctionnaires retraités, comme l’a relevé lors de la réunion le rapporteur général de ce projet de loi, Jean-René Cazeneuve. Même le député de Courson n’y croyait pas lui-même. Son amendement était simplement un “amendement d’appel”, ce qui signifie qu’il n’était pas conçu pour être voté mais principalement pour alerter le gouvernement sur une question particulière. C’est pourquoi l’amendement prévoit de puiser ces 500 millions d’euros dans les pensions militaires. Une issue a priori inimaginable, que l’opposition se garde bien de dire.