Matelas posés à même le sol, cafards tapissant le fond des cuvettes des WC ou des canalisations de douche, tel est le quotidien digne d’un pays sous-développé dans lequel vivent les détenus de la prison de Toulouse-Seysses. La situation pourrait s’améliorer dans les mois à venir. Tout dépendra de la décision prise par Philippe Grimaud, juge dans les chambres du tribunal administratif de Toulouse. Il devrait être livré dans la semaine prochaine. Le juge s’est donné le temps d’analyser les arguments de chaque partie. D’une part les avocats des prisonniers. En revanche, l’administration pénitentiaire est accusée par des membres du barreau de ne pas avoir exécuté une décision du même juge il y a 10 mois, le 4 octobre 2021. « A l’époque, nous réclamions que 30 mesures d’urgence soient prises immédiatement pour améliorer les conditions des détenus de Seyssés, qui sont absolument épouvantables. Le juge en avait réservé 11, les plus importantes en matière médicale et de conditions de vie des détenus. Aujourd’hui, nous sommes loin du compte. C’est pourquoi nous avons attrapé le juge par tranches afin qu’il puisse enfin forcer les autorités compétentes à agir. Cela nécessite des sanctions financières importantes pour chaque jour de retard dans la rénovation de la prison », résume Me Pierre Egéa-Ausseil. L’avocat toulousain connaît bien ce pénitencier pour y avoir vu la condition des détenus s’y dégrader au fil des années. « Ces dix dernières années, la population carcérale a explosé. L’administration pénitentiaire fait ce qu’elle peut avec les maigres moyens dont elle dispose. En fait, il faudrait un plan Marshall à l’échelle de la France pour résoudre le problème. Il y a quelques petites améliorations, mais on est encore loin de conditions de vie acceptables pour les détenus, car les moyens disponibles en Occitanie ne suivent pas la croissance démographique de la région et l’augmentation importante de la délinquance. »
Furets contre rats
Sur ce point, il rejoint l’avis de Stéphane Gély, le directeur interrégional des services pénitentiaires de Toulouse. Il a qualifié la surpopulation carcérale subie par la région, et notamment la prison de Seyssos, de “fléau”. Le haut fonctionnaire a fait une comparaison chiffrée entre la région Grand Est et l’Occitanie en termes de moyens alloués à l’administration pénitentiaire. “Ici on a 450.000 habitants de plus et pourtant il y a 1.000 places supplémentaires dans la région Grand Est…” Il a défendu son bilan dès la première crise du 4 octobre 2021. « A Seysses, nous sommes passés de 188 matelas au sol dans les cellules à 88 en dix mois. Cela montre qu’en matière de réglementation pénitentiaire, nous avons fait des progrès. Et dans le traitement des parasites. Nous n’étions pas satisfaits de la méthode classique d’élimination. Pour être plus efficace, nous avons embauché un propriétaire de furet pour chasser les rats. » Pour expliquer les retards des travaux de rénovation de la prison, il a pointé la lenteur dans la passation des marchés publics et le faible nombre d’entreprises qui ont postulé pour réaliser les travaux. Il a également précisé qu’il signait mercredi le contrat de rénovation des cours Seyssa pour 250 000 euros.