Ce faisant, il a volontairement torpillé la campagne déjà chancelante de Jean Charest. Comme le coup de Jarnac à l’ancien premier ministre du Québec, il est difficile d’être plus sournois. Il faut dire que M. Harper n’a jamais fait de dentelle. On savait aussi qu’il préférait Poilievre, son protégé de la même droite albertaine. Sa performance, cependant, est remarquablement inélégante. Pour Jean Charest, c’est le coup de grâce. Il s’est donc limité à dire que Stephen Harper avait fait un choix « personnel ». La réalité est que M. Charest est bien conscient que ce choix est politique et idéologique. Tout comme il sait que pour une partie importante des troupes conservatrices, cette bulle papale de M. Harper, l’ancien fondateur du PCC – une fusion entre l’Alliance canadienne et le Parti progressiste-conservateur – devient automatiquement la parole d’évangile. Super fête Pitbull Apparemment, en forme, l’aile harperienne dominante recherche également un pit-bull hyperparti de type Poilievre qui, dit-elle, pourrait déshabiller politiquement le premier ministre libéral Justin Trudeau. Pierre Poilievre, faux trumpien, troque facilement les débats d’idées contre les attaques contre ses adversaires. À commencer par Jean Charest, son principal rival à la direction. Pour M. Poilievre et ses partisans – y compris les camionneurs du soi-disant « convoi de la liberté » – le péché mortel de Jean Charest est d’avoir été le chef des anciens « progressistes » conservateurs et chef des libéraux au Québec. Jean Charest pencherait ainsi trop vers la « gauche » de l’échiquier idéologique. Comme celui qui ne tue pas le ridicule. Dans sa vidéo, Stephen Harper fait l’éloge de son ancien ministre Pierre Poiliev. Il le décrit comme « le critique libéral le plus éloquent et le plus efficace de Justin Trudeau dans notre parti ». Ses « valeurs conservatrices », insiste-t-il comme un point implicite à propos de Jean Sarres, sont « solides ». Schisme à venir “C’est pourquoi”, a déclaré M. Harper [Poilievre] il a recueilli un solide soutien au sein du caucus et parmi les membres actuels du parti. […] C’est ainsi que nous gagnerons les prochaines élections fédérales. » Mais si Pierre Poilievre, après sa victoire prévisible à la direction, se transforme en chaton ronronnant et en nouveau converti centriste, la première chose à laquelle le PCC sera confronté sera une scission. Tôt ou tard, il chassera les miettes restantes de l’aile progressiste-conservatrice du PCC, laissant tout le terrain à l’extrême droite harperienne, version Poilievre. Comme le « retour vers le futur » de l’Alliance canadienne, mais encore plus radicalisé. Si cela se produit, les libéraux peuvent dormir tranquilles. Car rien ne sera plus éloigné des réflexes politiques de la grande majorité des Canadiens que l’agressivité et le populisme à la Trump d’un Pierre Poilievre. L’élection de Pierre Poilievre à la tête du PCC confirmerait cependant que le Canada n’est pas non plus à l’abri de la montée alarmante de l’extrême droite à travers l’Ouest.