Les trois gamins sont assis dans un champ surplombant un étang de Saint-Aubin-d’Aubigné. Il est 21 heures passées et les trois jeunes hommes fument quelques clopes, un joint aussi en regardant le coucher de soleil. Certains balancent leur mégot dans les herbes desséchées. « J’ai vu de la fumée, j’ai rapidement éteint avec ma main », assure le plus jeune et le moins loquace des trois. Le « véritable » incendie aurait démarré quand l’un des trois gamins jouait avec son briquet. « C’était comme un antistress. J’ai allumé quelques brindilles et j’ai vu que ça prenait. J’ai laissé brûler un peu avant de piétiner. Quand je suis parti, il n’y avait aucune trace de fumée ou de flammèche », assure le jeune homme, qui précise avoir éteint le début de feu avec du tonic qu’il transportait dans son sac pour le mixer avec du gin.
Un homme provoque un incendie en brûlant du papier toilette en Bretagne https://t.co/lLTJoBSL3S
— 20 Minutes (@20Minutes) July 26, 2022
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Face aux réponses évasives des trois prévenus, le président s’agace. « Je n’étais pas là moi, c’est à vous de me raconter ». Les mis en cause sont peu bavards et encore moins précis dans leurs déclarations. Pourtant, des témoins assurent les avoir vus allumer deux feux à deux endroits différents de ce champ, croyant même percevoir des rires avant de voir les trois jeunes prendre la fuite. « Je n’ai vu l’existence du feu que quand je suis parti et que j’ai croisé un témoin qui m’a montré les fumées », répond celui qui jouait avec son briquet. « Mais des témoins vous ont vu. Et pourquoi vous n’avez pas appelé les pompiers ? ». L’un n’avait plus de batterie, l’autre plus de crédit. « C’était un acte débile, surtout vu les conditions météo », reconnaît l’un d’eux. Tous seront cueillis sur les lieux par les gendarmes.
« Ça aurait pu être dramatique »
Dans le contexte de sécheresse extrême que traverse la France, cet « acte débile » interroge. D’autant plus que l’un d’entre eux filmera la scène avec son téléphone. « Les pommiers qui ont brûlé sont à sept mètres d’un bois. Heureusement qu’il n’y avait pas de vent, ça aurait pu être dramatique », explique le maire de Saint-Aubin, qui s’est porté partie civile. « Il y a un enjeu limité. Nous ne sommes pas dans la même situation qu’en Gironde ou dans les Monts d’Arrée », rappelle le juge, qui invite les prévenus « à se lâcher dans leurs déclarations ». Ils ne le feront pas vraiment et donneront des explications « laborieuses » comme le décrit la procureure. Cette dernière s’appuie sur les déclarations des témoins pour demander une entrée en condamnation. « Quand on met le feu à des brindilles, on est sur un incendie volontaire, peu importent les conséquences », assure la magistrate, qui accable le jeune homme qui « jouait » avec son briquet. « Je ne peux que penser au contexte. On est jeudi 21 juillet, on vient de vivre une canicule et on ne trouve rien de mieux à faire que de balancer des mégots dans un champ déjà brûlé par le soleil ». Les trois gamins ont tous un petit casier, surtout pour des usages de stupéfiants et des conduites sans permis. Le plus jeune, âgé de 20 ans, a déjà passé quelques mois en prison pour avoir conduit sans permis et sous stupéfiants en récidive. Tous ont connu une enfance mouvementée en raison d’une situation parentale compliquée. Deux sont amis. Le troisième est une connaissance qu’ils ont croisée par hasard ce soir-là. Le tribunal a retenu « la coaction » des trois prévenus et condamné le jeune homme au briquet à cinq mois de prison avec sursis et 70 heures de travaux d’intérêt général. Quant aux deux autres prévenus, ils sont condamnés aux mêmes 70 heures de TIG à effectuer dans les dix-huit mois.