Le gouvernement détient déjà 84% d’EDF et envisage de faire une offre publique initiale (OPA) qui expirera fin octobre. Ce retour à 100% de l’Etat à EDF a été annoncé le 6 juillet par la Première ministre Elisabeth Borne. La renationalisation permettra au groupe lourdement endetté d’emprunter à moindre coût et laissera carte blanche à l’Etat pour le réorganiser comme bon lui semble, sans avoir à rendre compte aux actionnaires minoritaires – EDF ne sera plus coté en bourse. Elle se fera par le biais d’une offre publique d’achat (POP) sur les 16% d’actions non détenues par l’Etat, normalement d’ici fin octobre.

Épisode crucial

Cette renationalisation intervient au moment où l’énergéticien traverse un épisode critique : l’État entend en faire le “bras armé” de l’écologisme de sa politique énergétique et de la conquête d’une plus grande souveraineté dans ce secteur, alors qu’il est dans une situation financière extrêmement dégradée. Plombé par une dette qui pourrait atteindre plus de 60 milliards d’euros d’ici fin 2022, l’électricien a vu sa situation financière encore tendue par la décision du gouvernement de l’obliger à vendre de l’électricité moins chère à ses concurrents pour protéger les factures des services publics. . Dans le même temps, EDF fait face aux difficultés d’entretien d’un parc nucléaire vieillissant : plus de la moitié de ses 56 réacteurs sont à l’arrêt, soit pour maintenance, soit pour de nouveaux problèmes de corrosion. En demi-cercle, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a notamment insisté sur “le redémarrage du programme nucléaire en France”, avec six nouveaux réacteurs EPR. “Le nucléaire a terriblement souffert de l’abandon industriel ces dernières années”, a-t-il ajouté dans une ambiance houleuse. « Les investisseurs privés ne financeront pas les six nouveaux réacteurs », « des programmes à rentabilité très lente. Quand il s’agit de long terme, l’investisseur public est le meilleur investisseur », a-t-il soutenu.

“Tout nucléaire”

Les écologistes et LFI ont voté contre, critiquant “tout ce qui est nucléaire”. Comme d’autres, ils ont appelé à “un grand débat devant la représentation nationale sur l’avenir énergétique de la France”. Le RN s’y est également opposé. Le rapporteur général Jean-René Cazeneuve (LREM) a insisté sur la future loi de programmation énergétique “avant le milieu de l’année prochaine” et Bruno Le Maire a souligné sa disponibilité à la discussion.

Indépendance énergétique

Ces difficultés, conjuguées aux conséquences de la guerre en Ukraine, ont remis sur le devant de la scène la question de la souveraineté énergétique, notamment avec l’objectif européen et français de réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre responsables du changement climatique. Afin d’assurer l’indépendance énergétique et permettre à la France de sortir des énergies fossiles, le président Emmanuel Macron a annoncé le lancement d’un programme de six réacteurs nucléaires EPR de nouvelle génération, voire 14, en plus du modèle unique actuellement en construction dans le pays. , à Flamanville (Manche). La renationalisation d’EDF n’est donc que le prélude à un vaste projet de restructuration, qui fait craindre aux syndicats la reprise de la construction du projet Hercule, suspendu l’an dernier. Censé apporter des ressources en répertoriant les activités renouvelables d’EDF et en améliorant la rémunération du nucléaire, le projet a été vécu par les syndicats comme un échec. Une vision contestée par l’exécutif, qui a d’ailleurs confirmé à plusieurs reprises que cet ancien projet était “obsolète” et finalement enterré.