Le geste mémoriel a d’abord été discuté avec Paul Biya, le président irrévocable du Cameroun puis avec des jeunes de la société civile. Mardi 26 juillet, à Yaoundé, la capitale, Emmanuel Macron a tenté d’ouvrir une nouvelle page dans les relations souvent tendues entre le Cameroun et la France : le chef de l’Etat a proposé la création d’une commission d’historiens des deux pays, chargée de la ” lumière » sur l’attitude des autorités françaises lors de la colonisation et après l’indépendance officielle du pays en 1960. L’initiative est la principale innovation de la visite dans ce pays d’Afrique centrale, qui a débuté lundi après-midi, au début d’une tournée qui devait emmener M. Macron au Bénin mercredi puis en Guinée-Bissau jeudi. Lors de cette visite – la première en Afrique depuis la réélection de M. Macron – la chaleur de l’accueil se voulait à la hauteur des relations entre la France et le Cameroun, longtemps considéré comme un pilier de la “Françafrique”. Les chants et les danses des petites foules rassemblées au passage du cortège présidentiel ne peuvent cependant faire oublier l’étendue du monument ainsi décrit.

Ouverture “totale” des fichiers français

Aux yeux du chef de l’Etat, la démarche ne devrait ni plus ni moins contribuer au renouveau des relations entre le pays et l’ancienne puissance coloniale, au moment où cette dernière connaît une nette perte d’influence dans la région. “Si on veut aller plus loin entre le Cameroun et la France, il faut suivre cette voie”, a-t-il justifié, tout en promettant l’ouverture “entière” des archives françaises, diplomatiques comme militaires, dans les “moments douloureux” et “tragiques”. Lire aussi : Au Cameroun, Emmanuel Macron demande aux historiens de “faire la lumière” sur les actions coloniales et post-indépendance de la France
“Des moments douloureux” largement méconnus du grand public en France. Les autorités coloniales de l’époque sont accusées de réprimer le “maquis” de l’Union des Populations du Cameroun (UPC), un parti nationaliste fondé à la fin des années 1940 qui a participé à la lutte armée contre le colonisateur et ses alliés camerounais. notamment en pays bamiléké. A partir de 1955, date des premières émeutes, et 1970, plusieurs dizaines de milliers, voire centaines de milliers de combattants sont massacrés par l’armée française puis, après l’indépendance, par l’armée camerounaise d’Ahmadou Ahidjo, auquel succèdera Paul Biya en 1982. Lors de la rencontre avec la communauté française à l’Ambassade de France à Yaoundé, le 26 juillet 2022. JEAN-CLUDE COUTAS POUR « LE MONDE »

Alimentation de fin de course

A l’imposant palais présidentiel des hauteurs de Yaoundé, le président camerounais, qui a tardé à organiser sa succession, n’a pas commenté l’initiative. A deux reprises, lors de la conférence de presse conjointe, Paul Biya, 89 ans, a fait semblant de ne pas entendre les questions, obligeant Emmanuel Macron à parler pour les journalistes, notamment lorsqu’ils lui ont demandé s’il comptait. briguer un neuvième mandat lors des prochaines élections de 2025. Il vous reste 62,85% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.