Face à la poursuite de la hausse des prix aux Etats-Unis, la banque centrale américaine, la Fed, a annoncé mercredi 27 juillet une nouvelle forte hausse des taux directeurs de 0,75 point. Il s’agit de la quatrième hausse depuis mars : 0,25 point en mars, 0,5 point en mai et 0,75 point en juin. Cette fois, la hausse porte les taux directeurs entre 2,25 et 2,50 %. La réunion du comité de politique monétaire de la Fed, le FOMC, a débuté mardi. Lors de sa précédente réunion à la mi-juin, le FOMC avait déjà relevé les taux d’intérêt dans une fourchette de 1,50 à 1,75%. Il s’agit de la plus forte augmentation depuis 1994. “Le Comité monétaire s’attend à ce que de nouvelles hausses des taux d’intérêt directeurs soient appropriées”, a déclaré la Fed dans un communiqué de presse. “Les récents indicateurs de dépenses et de production ont ralenti”, dit la Fed, faisant référence à la consommation américaine, le moteur de l’économie américaine, qui représente près des trois quarts du PIB. “Cependant, la création d’emplois est restée forte ces derniers mois et le taux de chômage reste faible”, a-t-il ajouté.
Inflation à 9,1% en rythme annuel en juin
Une autre hausse de taux « inhabituellement élevée » pourrait être nécessaire lors de la prochaine réunion de la Fed en septembre, a averti le président de la Fed, Jerome Powell, lors d’une conférence de presse. L’inflation est “très élevée” et le marché du travail “extrêmement tendu”, a-t-il déclaré. Il a toutefois précisé que la décision de septembre “dépendra des données publiées jusque-là”.
La Fed a déclaré qu’elle aurait besoin d’une baisse de l’inflation pour envisager d’arrêter les hausses de taux d’intérêt ou au moins de ralentir le rythme des hausses. Le ralentissement économique tant attendu à la baisse des prix pourrait cependant s’avérer trop fort et plonger la première économie mondiale dans la récession.
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La Banque centrale européenne a également commencé à resserrer sa politique monétaire, suivant plusieurs principes économiques. Et le Fonds monétaire international (FMI) a affirmé mardi qu’il était nécessaire que ces institutions continuent à lutter contre l’inflation. Cela ne se fera bien sûr pas sans difficultés et “un resserrement de la politique monétaire aura inévitablement un coût économique, mais tout retard l’aggravera”, selon le FMI. La Fed espère réaliser un « atterrissage en douceur ».
Selon le FMI, “peu de chances” d’échapper à la récession
La bonne santé de l’économie américaine lui permettra d’échapper à la récession, selon la secrétaire à l’Économie et aux Finances de Joe Biden, Janet Yellen. Selon M. Powell également, l’économie américaine peut éviter ce scénario. “Nous n’essayons pas de provoquer une récession et nous ne pensons pas que nous en ayons besoin”, a-t-il déclaré. “Nous pensons qu’il est possible de réduire l’inflation tout en maintenant un marché du travail solide”, a-t-il ajouté.
Le FMI est moins optimiste. « L’environnement actuel suggère que la probabilité que les États-Unis échappent à la récession est mince », a prévenu mardi son économiste en chef, Pierre-Olivier Gourinchas. L’institution internationale n’attend désormais plus que 2,3% de croissance aux Etats-Unis cette année, soit 1,4 point de moins que sa dernière prévision, publiée en avril. La croissance du produit intérieur brut au deuxième trimestre sera annoncée jeudi. Elle devrait être très légèrement positive, après un premier trimestre négatif (−1,6 %), sauvant cette fois l’économie américaine de la récession.
S’il était à nouveau négatif, la plus grande économie mondiale entrerait en récession technique. La définition même d’une récession fait cependant débat dans le pays à l’approche de cette publication : s’agit-il d’une croissance négative pendant deux trimestres ou d’une détérioration plus large des indicateurs économiques – ce qui n’est pas le cas actuellement ?
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Le monde avec l’AFP