C’est le principe des navires de communication adaptés à la diplomatie. Chaque fois que l’alliance entre les États-Unis et l’Arabie saoudite vacille, le deal entre le royaume et la France recommence. Cette théorie a été exposée en décembre lorsque le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman, ostracisé par Washington pour son rôle présumé dans le meurtre en 2018 du journaliste Jamal Khashoggi, a accueilli Emmanuel Macron à Djeddah. La position devait se vérifier une nouvelle fois jeudi 28 juillet, avec la réception à l’Elysée du numéro deux saoudien, invité par le président français à un dîner de travail. L’homme surnommé “MBS” a certainement reçu la semaine dernière la visite du président américain Joe Biden, qui a démissionné pour renouer avec le prince, espérant voir ce dernier augmenter la production pétrolière de l’Arabie saoudite et déclencher ainsi une chute du prix de l’essence. Mais l’occupant de la Maison Blanche est reparti bredouille, signe du froid persistant entre les deux hommes. Lire aussi Rencontre Macron et Mohammed ben Salmane : l’Elysée prend une décision critiquée par les défenseurs des droits de l’homme
Une violation dans laquelle Emmanuel Macron semble vouloir se précipiter. Le chef de l’Etat devait hâter son retour de Guinée-Bissau, où il se trouvait encore jeudi matin, au quatrième jour de sa tournée africaine, pour recevoir son hôte à l’heure prévue de 20h30, dans sa cour. l’Elysée. Non content d’être le premier grand dirigeant à se rendre en Arabie depuis l’affaire Khashoggi, le président français est devenu le premier homme politique à accueillir le dauphin saoudien dans une grande capitale occidentale à la suite du scandale.

Empêcher l’écart de se creuser davantage

Hormis le poids de l’Arabie au Moyen-Orient, facteur qui, dans l’esprit de M. Macron, a rendu la mise en quarantaine de Mohammed Ben Salman contre-productive, plusieurs paramètres expliquent les honneurs de l’Elysée qu’il reçoit. La guerre en Ukraine, tout d’abord. Depuis le 24 février, le conflit accapare les Européens et leurs alliés américains, qui ont réussi à resserrer les rangs contre la Russie de Vladimir Poutine, tant au sein de l’Union européenne qu’au sein de l’OTAN. Pour Paris, il est désormais urgent de se tourner vers les pays qui refusent de choisir leur camp, en Afrique comme dans le Golfe, pour éviter que l’écart ne se creuse avec eux. Le sort imminent de l’accord sur le nucléaire iranien compte également. La relance de cet accord, dont l’ancien président américain Donald Trump s’est retiré en 2018, reste bloquée par des différends persistants entre les États-Unis et l’Iran. Mardi, le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, a présenté un texte de compromis aux parties, les appelant à l’accepter pour éviter une “crise nucléaire dangereuse”. Téhéran continue de ne pas tenir ses engagements initiaux et s’approche du point où il aura stocké suffisamment de matière fissile pour s’équiper d’une bombe dans quelques mois. Il vous reste 55,74% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.