Il n’y avait pas de prétextes ni de réponses insaisissables. Au MK Stadium mercredi, Corinne Diacre ne voulait pas être en retard pour une conférence de presse. Solide avec elle, mais les circonstances se prêtaient un peu plus, cette fois, à des réponses courtes mais claires. En seulement quatre minutes, il a répondu à la question : les Bleus manquaient d’efficacité, cette équipe allemande est une machine bien ficelée, il ne faut pas chercher d’excuses sur le plan physique. Pourtant, c’est à la fin de son allocution que Corinne Diacre en a dit le plus. Euro 2022 “Un jour, cette équipe de France passionnera le monde entier” IL Y A 8 HEURES D’abord, à chaud, dans un bilan de cet Euro et des réponses à 2023 et 2024, elle a eu une pensée pour ceux qui l’ont entourée ces derniers mois. “La frustration est si importante qu’il faut être proche de son équipe, proche de son staffelle a expliqué. Chaque chose en son tempsDes paroles mais aussi des actes : au coup de sifflet final, elle est montée sur l’herbe pour remercier ses joueurs et leur glisser ce message, qu’elle a répété en conférence de presse : elle est fière d’eux. Mais c’est dans son dernier discours qu’elle a évoqué la réussite incontestable de cet Euro pour elle et pour les Bleues : la naissance d’un groupe, le renouvellement d’une équipe. “Tout n’est pas à jeteril a dit. A l’instant T, la frustration prévaut. Vous ne pouvez pas être satisfait de la défaite. Mais nous avons construit des choses, nous avons une base solide. Nous avons encore besoin de temps. Ce n’était pas notre soirée, cette compétition n’était pas encore la nôtre, mais en tout cas les bases sont solides. Nous avons construit quelque chose d’important, avec une équipe très sympathique, travailleuse qui ne veut pas perdre, c’est de bon augure pour la suite.“. “Qu’est-ce que les Bleues ont perdu ? Un Popp ou un Katoto !”

Henri ou Le Sommer ? La discussion est terminée

Les Bleues avec Eugénie Le Sommer et Amandine Henry feraient-elles mieux face à l’Allemagne ? Personne ne sait. Ça peut. Mais le débat n’est plus là. Les réponses collectives à cet Euro sont susceptibles de valider ces choix radicaux. Car la main d’oeuvre a bien vécu et cette histoire de plafond de verre est enfin de retour. Car la majorité de ses joueuses semblent enfin avoir compris la “méthode” de Deacon, même si elle peut encore prêter à confusion, comme gérer l’affaire Griedge Mbock dans cet Euro. Cette troupe a un avenir, un caractère mais surtout elle n’a pas encore tout découvert. La progression individuelle de certains s’annonce prometteuse, histoire de conforter une aventure collective passionnante au niveau du gameplay, mais frustrante au niveau de la prise de décision. En 2019, il était atténué et minimaliste. En 2022, il a été parfois flamboyant et souvent d’actualité, comme il a été parfois un coaching décisif. De cet Euro, Diacre sort renforcé. Avec ce résultat, inaccessible pour les équipes passées, mais aussi pour le chemin parcouru. Corinne Diacre au milieu de ses joggeurs Ashby-de-la-Zouch Crédit : Getty Images Amélioré mais réconforté. Noël Le Graët a beau avoir fait marche arrière avant le match contre l’Italie sur l’avenir de Corinne Diacre, sa décision semble prise depuis de longs mois. Seul un crash massif et une crise aiguë auraient pu le détourner de son vrai désir : garder le coach à sa place. Au plus fort des rafales, il n’avait pas dévié de son cap et de sa loyauté envers celui qui avait accepté la mission en 2017 après une cour assidue de ‘NLG’ depuis 2016.

Les Jeux Olympiques de 2024 dans le viseur… et l’amour du public ?

“Je l’ai toujours soutenue à des moments où il n’y avait pas beaucoup de monde pour la soutenira-t-il insisté auprès de l’AFP jeudi. Aujourd’hui il y a des résultats qui sont plutôt positifs, je ne vois pas pourquoi je ne le soutiendrais pas“. En d’autres termes, Deacon restera s’il le veut. Il n’y a aucun signe extérieur contraire. L’entraîneur devrait donc rester en place jusqu’à la Coupe du monde l’été prochain. Et encore plus longtemps ? “Il y a bientôt la Coupe du monde et les JO de Paris (en 2024, ndlr), j’en ai très envie. Et peut-être l’euro en France en 2025explique Graët, qui a fait de ces Jeux de Paris une priorité absolue. Je vois que quand on change d’entraîneur tous les deux ans, même dans les clubs, ça n’avance pas. Avec Corinne, on est sur la bonne voieQu’est-ce qui pourrait permettre au football féminin d’accélérer sa croissance freinée par le Covid ? “Je n’aime pas Deacon, mais c’est compliqué de la critiquer dans cet Euro” C’est finalement la seule question valable : Corinne Diacre est-elle la figure qui peut amener le grand public à rejoindre ce groupe ? Malgré la domination lyonnaise en C1, rien n’égalera l’aura de la sélection. Dans cet Euro, une constante : les supporters français étaient rares, solitaires et parfois attristés par le manque d’enthousiasme tricolore. De Rotherham à Milton Keynes, ce sont surtout les fans italiens, islandais, hollandais ou allemands que l’on a le plus vu, le plus entendu. Question d’organisation mais aussi question d’incarnation. Chez les Bleues, deux têtes se démarquent : celle de Wendie Renard, l’impeccable et multi-titrée capitaine de cette équipe. Puis celle de Corinne Diacre, aujourd’hui respectée, sinon vraiment aimée. Son travail substantiel, de la gestion à la communication, tant sur le plan personnel que collectif, est louable. Mais toujours pas assez pour déclencher la foudre nécessaire. Corinne Diacre pose avant le début de l’Euro féminin Crédit : Getty Images Euro 2022 Le Graët pense Diacre jusqu’en 2024 : “Avec Corinne, on est sur la bonne voie” IL Y A 8 HEURES Euro 2022 Diacre : “L’efficacité nous a encore échappé” IL Y A12 HEURES