Les débats au Palais Bourbon sur la présidence française de l’UE se sont brièvement intensifiés jeudi 28 juillet après qu’un député alsacien a été traité d’”ambassadeur du Bundestag”, le parlement allemand, par les bancs du RN. “Je suis député à l’Assemblée nationale, de nationalité française, pas représentant du Bundestag ici”, a répondu Charles Sitzenstuhl, élu Renaissance (ex-LREM), décriant alors une “insulte à l’Alsace et à sa douloureuse histoire”. Lire aussi Zelensky appelle l’Allemagne à abattre le nouveau “Mur” érigé en Europe
“La France mérite mieux”
L’argument, que l’on peut entendre dans les enregistrements de la séance, est venu des rangs du RN au début de l’intervention de l’élu du Bas-Rhin en tribune. Le président de la commission des affaires étrangères, Jean-Louis Bourlanges (MoDem), s’est rangé du côté du député victime des attentats “insensés”. “Aux yeux du Rassemblement national, l’Alsace n’est pas française mais allemande”, a déclaré Jean-Louis Bourlange. “Toujours la même extrême droite aigrie, alsacophobe et europhobe. La France mérite mieux », a déclaré sur Twitter la députée de la Renaissance du Haut-Rhin, Brigitte Klinker. La présidente de l’assemblée Naïma Moutchou (Horizons) est également intervenue pour rappeler qu’il n’y avait “que des élus français, élus par le peuple français” dans le demi-cercle. Plus tard dans la soirée, le député RN Thibaut François a assuré qu’il ne faisait “évidemment pas référence à l’origine du député”, ironisant sur la “très haute réputation” de Charles Sitzenstuhl dont il ne savait pas qu’il était “élu et encore moins Alsacien”. “J’ai voulu par mes propos critiquer la position politique de la majorité et la servitude d’Emmanuel Macron envers le couple franco-allemand”, a insisté Thibaut François dans un communiqué. Dans son allocution, Charles Sitzenstuhl a ensuite dénoncé les “larmes de crocodile” en Ukraine par les dirigeants du RN Marine Le Pen et de LFI Jean-Luc Mélenchon, qui ont été qualifiés d’”agents répandant la gloire du Kremlin en France”. “Des propos diffamatoires et inacceptables”, a réagi Thibaut François. L’accusation a aussi fait bondir Arnaud Le Gall (LFI), qui a dénoncé un propos “scandaleux” à l’encontre du chef de file de La France insoumise, qui selon lui “n’a jamais eu la moindre connaissance de Vladimir Poutine”. A lire aussiA l’Assemblée nationale, la double stratégie de l’Insoumi En début de séance, Thibaut François a également exprimé une “pensée émue” pour le peuple ukrainien victime d’”agressions”. Il a cependant critiqué dans la foulée l’ouverture de l’UE à la candidature de Kyiv, qu’il a qualifiée de “provocation inutile par rapport à la Russie”. Le député LFI Manuel Bompard a concentré ses attaques sur la “famine” de la présidence française de l’UE, estimant qu’elle avait manqué “une occasion historique d’agir de concert pour protéger les peuples d’Europe des conséquences des aspects économiques et sociaux du conflit”. Jean-Louis Bourlanges a dénoncé la “décision odieuse et criminelle” du “pouvoir maléfique” de Vladimir Poutine d’envahir l’Ukraine. La secrétaire d’Etat à l’Europe Laurence Bunn, ouvrant les discussions, a accusé Moscou de vouloir, avec la guerre en Ukraine, créer “un rideau de sang” autour de la Russie.