Selon les dernières données du recensement de Statistique Canada, le pourcentage de personnes vivant seules continue d’augmenter au pays. Sans la contribution des hommes dont la longévité s’améliore (laissant moins de veuves), le phénomène serait encore plus prononcé. Encore une fois, les Québécois se démarquent du reste de la population canadienne. Dans l’ensemble du Canada, 29 % des ménages ne comptent qu’une seule personne. Au Québec, ce pourcentage monte à 35 %. Soyez prudent dans l’interprétation des données : même s’il n’y a qu’une personne derrière toutes les trois portes, 15 % des Québécois sont touchés. Ce nombre peut expliquer pourquoi ces ménages ne sont pas particulièrement favorisés, tant du point de vue de la consommation que de la fiscalité. Quoi ? Voyons voir… Des courses plus chères Sylvain Charlebois, directeur principal du Laboratoire des sciences analytiques agricoles de l’Université Dalhousie, soulignait récemment que l’industrie agroalimentaire ne s’adapte pas rapidement au nombre croissant de personnes seules. Les offres d’épicerie sont proposées en vrac (merci Costco!), ce qui favorise les familles nombreuses, et si les plats préparés individuellement prennent plus de place sur le comptoir prêt-à-manger, ils coûtent toujours deux fois plus cher que si nous les cuisinions nous-mêmes. Propriétés moins accessibles On pouvait dire, il n’y a pas si longtemps, que l’industrie qui s’était le mieux adaptée au phénomène était la construction résidentielle. De petits appartements de 500 pieds carrés conviennent au mode de vie solitaire. Avec la hausse des prix de l’immobilier ces dernières années, puis la hausse brutale des taux d’intérêt, un seul salaire suffit à peine pour acheter un appartement, même minuscule. A cela il faut ajouter l’explosion du coût des assurances et l’augmentation du coût de remplissage des caisses de prévoyance, qui doivent être prises en charge d’elles-mêmes. Tout compte fait, les célibataires paieront toujours plus en immobilier. Il ne peut jamais profiter d’économies d’échelle ou de l’agrégation de composants coûteux (cuisines ou même salles de bains). Sinon, il n’a personne avec qui partager les factures d’internet, d’électricité et de tout type d’abonnement. Sans parler de la voiture. Des finances plus fragiles La grande majorité des personnes qui vivent seules sont divorcées et séparées d’une relation brisée. Ils connaissent la différence. Financièrement, une personne seule est toujours plus vulnérable. D’abord, pour toutes les raisons que je viens d’évoquer, il lui est plus difficile de préparer un oreiller d’urgence. Et comme son foyer ne peut compter que sur un seul revenu, les conséquences financières d’une perte d’emploi, d’un accident ou d’une maladie sont forcément plus douloureuses. Elle ne peut pas compter sur la solidarité d’un mari pour amortir le coup. Une drôle d’impôt Ne vous méprenez pas sur mes intentions, je ne préconise pas d’allégements fiscaux pour les célibataires. remarquer… Depuis 20 ans, les contribuables ont droit à d’importants allégements fiscaux. La majeure partie est allée à la famille, sous forme d’allocations. Je comprends l’idée, l’Etat cherche à soutenir la natalité. Les célibataires ne sont pas les meilleurs pour participer à la perpétuation de l’espèce. Le Québec lui-même reconnaît que vivre seul coûte plus cher, d’où le « crédit d’impôt pour personne vivant seule ». C’est bien, il n’y a pas d’équivalent du côté fédéral. La mesure québécoise représente une réduction maximale de 270 $ par année pour un adulte de moins de 65 ans (sans enfant). Le crédit disparaît entièrement du revenu de 57 127 $. Avouons-le : c’est risible !