Dans son réquisitoire, le juge a demandé que la mère de la victime, Halima El Bakhti, soit jugée pour meurtre aggravé sur mineur de quinze ans et que le père, Ahmed Touloub, soit déféré pour complicité dans le même meurtre aggravé. Si l’enquêteur décidait de suivre ces ordonnances, “une audience serait possible au cours de l’année 2023, sous réserve d’éventuels recours”, soit 36 ans après les faits, a précisé le juge.
Trente et un ans plus tard
Les enquêteurs étaient revenus sur les parents, jusqu’alors inconnus, de la petite Ina, surnommée la “Petite Témoin d’A10”, grâce à un échantillon ADN prélevé sur son frère, arrêté en 2016 sur une affaire de violences. Après comparaison avec le Fichier ADN Automatisé National (FNAEG), une concordance a été révélée avec des traces ADN sur les vêtements et la couverture dans laquelle le corps de l’enfant était enveloppé lors de sa découverte le 11 août 1987 dans un fossé d’autoroute à Suèvres (Loir-et -Cher) par deux salariés de la société Cofiroute. Grâce à l’ADN du frère, les chercheurs ont pu identifier et localiser les parents, un couple marocain d’une soixantaine d’années qui avait sept enfants. Les parents ont été inculpés en juin 2018 de meurtre, recel de cadavre et violences de droit commun sur mineur de moins de 15 ans. Lors de leur garde à vue, aucun des deux parents n’a reconnu être l’auteur des violences ayant entraîné la mort du petit Inass, s’accusant mutuellement de violences conjugales. Le père s’est dit “soulagé” par les conclusions des enquêteurs, mais la mère a assuré “ne pas comprendre pourquoi” il a été convoqué, a indiqué plus tard le procureur. La jeune fille a été inhumée anonymement au cimetière de Suèvres (Loir-et-Cher) près de l’endroit où le corps a été découvert. La tombe, régulièrement fleurie par les habitants de la commune, est gravée d’une simple inscription : « Ici repose un ange ».