“Les pyromanes ont une bonne capacité d’adaptation et mentent à tout le monde sur le plaisir qu’ils ressentent lorsqu’ils voient du feu”, explique le psychologue et criminologue Jean-Pierre Bouchard. C’est pourquoi ils passent souvent incognito, malgré les tests médicaux qu’ils subissent. “La plupart des incendiaires ont une façade sociale tout à fait normale. Ils ont une famille, une insertion sociale et professionnelle qui ne laisse pas présager ce genre de comportement.” Jean-Pierre Bouchard, psychologue et criminologue chez franceinfo Le suspect interpellé dans l’Hérault a donc reconnu être à l’origine d’incendies remontant à quelque trois ans. Tous les sapeurs-pompiers, professionnels ou volontaires, sont toutefois soumis à un examen médical – physique et psychologique – lors de leur recrutement. Une visite médicale annuelle est également obligatoire. “Mais c’est très compliqué d’identifier ces profils… Il a trompé tout le monde”, témoigne le représentant des sapeurs-pompiers de l’Hérault, Jérôme Bonnafoux, de son collègue mis en cause. Pour détecter ces personnalités dangereuses, les casernes sont parfois impuissantes. Dans le Gard, un psychologue a rejoint les rangs des sapeurs-pompiers du département, mais ce n’est pas le cas partout. “Impliqué dans le recrutement, c’est toute la personnalité du candidat qui est évaluée pour voir s’il y a une incompatibilité avec la mission”, explique Eric Agrinier, responsable de la communication des sapeurs-pompiers du Gard. Une initiative saluée par Jean-Pierre Bouchard, qui insiste sur la nécessité de disposer de “psychologues formés aux problématiques de la dangerosité”, capables de déceler les éventuelles stratégies de certains candidats pour occulter des aspects de leur personnalité. Pour empêcher ces personnes de rejoindre les rangs des pompiers, d’autres leviers sont parfois évoqués. La Fédération nationale des sapeurs-pompiers demande ainsi l’accès à tous les casiers judiciaires au moment de l’embauche. Actuellement, les services régionaux d’incendie et de secours (Sdis) ne peuvent demander qu’un extrait de casier judiciaire B2, qui ne liste pas toutes les infractions et dont certaines sont effacées après un certain délai. Cependant, l’accès au B1, le bulletin le plus complet, est réservé aux autorités judiciaires. Sur les 250 000 sapeurs-pompiers français, le phénomène des « incendies-pompiers » ne touche que peu de personnes. Mais les conséquences de leurs actions peuvent être dramatiques. “Evidemment, le risque zéro n’existe pas, mais nous faisons tout pour l’éviter”, déclare le lieutenant-colonel Eric Agrinier.